L’évolution des parcours professionnels est aujourd’hui marquée par une mobilité accrue et un engagement plus volatil des salariés vis à vis de leur employeur.
Ce qui interroge la capacité actuelle des politiques RH à prévenir et éviter l’érosion ou la perte du « capital de connaissances » essentiel à la bonne marche de l’entreprise.
Les départs massifs à la retraite de la génération du baby boom vont laisser une place croissante aux « digital natives », qui ont du travail une vision radicalement différente de celle de leurs aînés et de l’engagement une conception différente. Ces départs posent aussi la question cruciale de la transmission des connaissances entre générations. Dans ce billet, nous avançons l’idée que la mise en place de communautés d’apprentissage intergénérationnelles peut contribuer à assurer un ancrage organisationnel au processus de transfert des savoirs.
1- La place des savoirs informels dans le bon fonctionnement des entreprises
La problématique du transfert des connaissances est complexe : transmettre une expérience bâtie sur de nombreuses d’années de pratique professionnelle ne peut se faire via powerpoint. Dans leur ouvrage “Working Knowledge”, T.H. Davenport et L. Prusak estiment que 70 à 80 % de l’apprentissage en entreprise peut être réalisé de façon informelle. Ce qui signifie qu’une place importante doit être accordée, au sein des organisations à une approche personnalisée de l’apprentissage et du développement humain.
2- L’importance des interactions informelles dans l’apprentissage professionnel
Dans une autre étude rapportée dans la Harvard Business Review L. Prusak et R. Cross soulignent l’importance des interactions informelles dans le bon fonctionnement des entreprises et leur contribution essentielle à l’apprentissage organisationnel. Les résultats de leurs recherches mettent en évidence 4 types de rôles au sein des réseaux informels :
- Les connecteurs centraux, qui relient la plupart des personnels appartenant à un réseau informel à un autre réseau informel
- Les connecteurs frontaliers, qui relient un réseau informel avec d’autres entités de l’organisation ou avec des réseaux similaires dans d’autres organisations
- Les courtiers en information, qui gardent ensemble les différents sous-groupes d’un réseau informel
- Les spécialistes périphériques, qui sont les personnes appartenant à un réseau informel et vers lesquelles d’autres se tournent, afin de faire appel à leur expertise
3- Le rôle essentiel des managers dans le repérage des connecteurs de réseaux
Cross et Prusak recommandent que les managers identifient l’existence de ces différents rôles au sein de leurs équipes, afin d’améliorer l’efficacité et l’intelligence collectives. Qu’il s’agisse de réseaux informels regroupant quelques personnes autour du même centre d’intérêt ou de réseaux formalisés plus structurés, toute organisation comprend en son sein un certain nombre de réseaux sociaux. L’une des façons de tirer parti de ces réseaux sous l’angle du transfert de connaissances est de favoriser l’émergence de véritables communautés d’apprentissage inter-générationnelles.
4- Des communautés 2.0 intergénérationnelles pour assurer le transfert des savoirs informels
Les communautés 2.0 encouragent l’interaction, la coopération et la collaboration entre leurs membres. Elles constituent des lieux d’apprentissage efficaces pour le transfert de connaissances entre des personnes exerçant une fonction similaire, mais aussi entre les collaborateurs seniors et les plus jeunes. Les communautés d’apprentissage intergénérationnelles peuvent contribuer à assurer un ancrage organisationnel au processus de transfert des savoirs informels. Elles offrent aux entreprises un espace stable pour développer et maintenir la mémoire de l’organisation à long terme, indépendamment de la mobilité ou du départ de ses collaborateurs.
A lire, pour en savoir plus :
- Les communautés 2.0 au coeur de la production de connaissances
- Réseaux apprenants : pour une mise en circulation des savoirs
- Pas d’entreprise 2.0 … sans organisation apprenante
Pour aller plus loin :
- T.H.Davenport et L.Prusak -“Working Knowledge : How Organizations manage what they know”- Harvard Business Press 1998
- R.Cross et L.Prusak – The People who make organizations go or stop – Harvard Business Review – juin 2002
- F.Rossion – Transfert des savoirs – Hermès Sciences- Lavoisier 2008
2 Comments
Pour ma part j'ai beaucoup aimé ton article
ReplyIl suffit de jeter un coup sur vos articles pour être séduit ! bravo
Reply