Blockchain : la confiance au cœur de l'algorithme

Blockchain. Derrière ce terme se cache une ambition : bouleverser Internet et lui rendre ses possibilités révolutionnaires en disruptant l’univers des transactions.
 
Une révolution qui pourrait progressivement impacter tous les secteurs d’activité et transformer le fonctionnement de notre économie en changeant notre rapport à la confiance.


 

Un emballement médiatique soudain et d’une ampleur inédite

 
La technologie qui se cache derrière la monnaie virtuelle Bitcoin connaît une popularité exponentielle. Consacrée « Méga tendance » par le World Economic Forum (i) en septembre 2015, et présente au cœur des débats qui se sont tenus à Davos début 2016, la Blockchain n’en finit pas depuis de faire parler d’elle.
Articles, colloques et présentations sur cette « technologie de rupture » s’enchainent et se multiplient à un rythme effréné, attirant à chaque fois un public toujours plus large.

Les banques ont été parmi les premières à s’y intéresser de très près, conscientes de l’enjeu de celle-ci pour leurs activités et du risque qu’elle peut faire peser sur leurs revenus. En ligne de mire, l’utilisation de la blockchain pour gérer de manière sécurisée des paiements, des contrats, le back-office, le trading d’actions, mais aussi pour vérifier une identité … Et bien sûr diminuer les coûts de fonctionnement.

Cependant, la Blockchain commence à faire tourner les têtes bien au-delà de la planète Finance. Singulièrement depuis qu’elle a fait la Une du prestigieux « The Economist ». Et à l’instar du Gartner, nombre d’analystes font aujourd’hui de la Blockchain l’une des technologies phares de leurs prédictions pour les années à venir. Pour certains experts, c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité, qu’on pourrait se soustraire, dans une large mesure, à un tiers de confiance. Tout un environnement règlementaire serait alors à repenser.
 

Des cas d’usage susceptibles de toucher une multitude de secteurs

 
Une multitude de domaines pourraient être impactés qui touchent notre vie quotidienne : Données médicales, élections, bien immobiliers, titres fonciers, brevets industriels, industrie culturelle, objets connectés.

Ainsi les cas d’usage potentiels sont-ils multiples et variés :

  • Enregistrer de façon sécurisée l’historique médical d’un patient
  • Valider des votes ou des référendums en ligne
  • Sécuriser des prêts entre particuliers
  • Prouver la paternité d’un algorithme ou d’un composant logiciel
  • Mieux gérer la propriété intellectuelle des contenus (articles, photos, musiques, illustrations…)
  • Valider une transaction immobilière, notamment dans des pays où il n’y a pas de cadastre comme en Grèce, au Ghana, ou au Honduras
  • Valider des micro-transactions sur des valeurs refuges comme l’or, l’argent ou les diamants
  • Exploiter la « sagesse des foules » pour prédire les tendances de marché

 
La Blockchain pourrait même donner corps à de nouveaux modèles d’organisations décentralisées en rendant possible la coordination et l’exécution automatisée d’activités de toute sorte à une échelle jamais encore imaginée.
 

L’ambition de la Blockchain : Révolutionner l’univers des transactions

 
Apparue avec la crypto-monnaie Bitcoin, la technologie Blockchain lui est intimement liée. Le fonctionnement du Bitcoin repose en effet sur ce système d’échange entre pairs, dénué de tout contrôle centralisé. Dans un premier temps, la réputation sulfureuse du Bitcoin a masqué le potentiel disruptif de la Blockchain. Mais aujourd’hui la technologie Blockchain sort de l’ombre et commence à séduire les milieux d’affaires. Par la transparence même de son processus, la Blockchain permet d’authentifier toute opération réalisée entre deux personnes et de transférer des actifs quels qu’ils soient, sans que la moindre tierce partie n’intervienne. Ce registre ouvert et public permet d’enregistrer, inventorier, vérifier, protéger, et transférer une multitude de choses :

  • des données (publiques et privées) d’identification et d’enregistrement
  • de l’argent (fonds, dépôts, séquestres)
  • des droits liés à des biens matériels et actifs immatériels (contrats, actes de propriété, droits d’accès)
  • des éléments de preuve (signatures, certificats, diplômes, licences, attestations)

 

Un protocole de validation fiable et robuste basé sur la notion de consensus décentralisé

 
La robustesse et la fiabilité du protocole Blockchain sont garanties par une communauté particulière d’utilisateurs : les mineurs, qui sont chargés de tenir à jour le registre. Chaque fois qu’une nouvelle transaction est envoyée dans le réseau, elle rejoint un petit bloc d’opérations nouvelles dont l’authentification va nécessiter la résolution d’une énigme mathématique. Le challenge à relever diffère selon chaque mineur et il n’existe pas de stratégie gagnante a priori.
Pour apporter la preuve de travail cryptographique (proof of work), il faut donc tester toutes les combinaisons, ce qui nécessite beaucoup de puissance de calcul. Le premier mineur qui résout le problème publie la preuve de travail sur le réseau. Son bloc est inscrit dans la chaîne par les autres mineurs, qui valident la transaction de base de son bloc ouvrant droit à la récompense en bitcoins. La transaction est ainsi validée par la communauté des mineurs selon un processus de consensus décentralisé.
 

Comment appréhender et définir simplement la Blockchain ?

 
Il n’est pas facile de définir la Blockchain tant le concept apparaît multiforme

Pour faire simple, on pourrait avancer que la Blockchain, c’est à la fois :

  • Une base de données en ligne retraçant un historique distribué de transactions
  • Un système décentralisé permettant d’établir la confiance entre deux parties
  • Une technologie algorithmique basée sur de la cryptographie de haut niveau
  • Un protocole d’échanges open source « auditable » par tous

En résumé, la Blockchain peut-être considérée comme une infrastructure générique de certification sur Internet.
 

Les mots-clés associés à la Blockchain

 
1. Confiance : rendue possible grâce à une technologie algorithmique basée sur la cryptographie de haut niveau

2. Désintermédiation : échange direct entre utilisateurs sans intermédiaire (régulateur ou autorité centrale)

3. Consensus décentralisé : Le registre distribué est stocké sur le serveur des utilisateurs. La vérification est réalisée par une communautés d’utilisateurs selon un principe majoritaire. Elle est le résultat d’un consensus entre des milliers de machines connectées.

4. Traçabilité : inscription horodatée de toutes les transactions sur un registre distribué consultable par tous.

5. Exhaustivité : le registre contient la liste de tous les échanges effectués entre les utilisateurs depuis sa création.

6. Auditabilité : possibilité de remonter l’ensemble de la chaîne et de retrouver l’historique des transactions

7. Inviolabilité : les blocs de transactions sont gravés de façon définitive et ne peuvent être modifiés. Ils sont à la fois infalsifiables et facilement vérifiables.

 

Avec la Blockchain, le principe de confiance est inscrit dans l’algorithme.

 
L’innovation de la Blockchain tient dans l’exploitation judicieuse de technologies informatiques et cryptographiques de haut niveau. C’est la combinaison originale de ces technologies qui permet d’assurer une confiance, a priori inaltérable, dans les informations contenues sur le registre distribué. La confiance est ainsi portée par les algorithmes de chiffrement asymétrique, l’organisation décentralisée du réseau Pair à Pair et les principes de la théorie des jeux.

En conclusion, l’aspect révolutionnaire de la Blockchain n’est donc pas tant technique que politique. Dans une économie basée sur la Blockchain, il n’y a en effet pas besoin d’avoir confiance en une personne, une société, un organisme, un régulateur ou une administration. Il faut juste faire confiance à l’algorithme. Mais au-delà des considérations techniques, la blockchain pose une question plus fondamentale : serons-nous capable de faire confiance aveuglément à des algorithmes pour certifier nos actes, notre patrimoine, nos vies ?
 

(i) : Le Forum Economique Mondial prévoit que la technologie Blockchain devrait exploser d’ici à 2027. Dans son rapport élaboré par plus de 800 experts, il fait l’éloge du potentiel des technologies financières distribuées et explique comment ces services vont provoquer des changements majeurs mondiaux au cours de la prochaine décennie. Le Forum Economique Mondial prévoit que l’adoption de la technologie Blockchain atteindra son « point de basculement » d’ici à 2023.

Pour aller plus loin :

– Melanie Swan : Blockchain – Blueprint for a new economy – O’Reilly 2015

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