Veille stratégique : Comment éviter l'impasse ?

Une série récente d’entretiens menés auprès d’un panel de dirigeants français montre que nos décideurs attachent finalement peu d’intérêt à la veille, soit qu’ils n’en veulent pas, soit qu’ils ont été déçus par les résultats produits. Ce manque d’intérêt peut étonner au premier abord, de la part de responsables appelés à prendre des décisions stratégiques.


En fait, il s’explique le plus souvent par le manque de « valeur stratégique » des matériaux transmis et par le doute sur leur utilité réelle dans « l’(in)formation de la décision ».

Ce que les décideurs perçoivent, parfois à tort, du résultat de la veille, ce sont des remontées d’informations « fades », « banales », « inertes », et déjà dépassées au moment où elles leur parviennent. Au mieux, elles viennent confirmer les observations déjà relevées ou conforter des idées établies, mais elles ne renseignent en aucun cas sur les signes avant-coureurs, susceptibles de prévenir un bouleversement ou d’annoncer une rupture stratégique.
 

Les quatre raisons qui conduisent aujourd’hui les dispositifs de veille stratégique dans l’impasse

 

1- Des cellules insuffisamment coordonnées et souvent déconnectées du reste de l’entreprise

Alors que les cellules de veille devraient être ancrées au cœur de l’entreprise, afin d’être au plus prêt de la demande et des besoins des décideurs, qui sont leurs clients internes, elles fonctionnent le plus souvent de façon cloisonnée, sans coordination centrale, à la périphérie des autres services, et dans une logique verticale de silo, qui réduit leur capacité de vision et peut générer de dangereux angles morts dans l’observation de leur environnement.
 

2- Une confiance aveugle dans les progiciels et les outils de recherche automatique

Aujourd’hui, la plus grosse partie des données de veille provient de recherches effectuées sur internet, comme si le web était une source providentielle. Les informations obtenues, souvent en nombre considérable constituent un véritable goulet d’étranglement et génèrent une surinformation, qui brouille la vision et peut retarder la prise de décision.
 

3- La primauté du « tout internet » au détriment des autres sources, notamment humaines

Dans la plupart des cas, le réseau de « capteurs humains » reste sous exploité, voire inexploité. Pourtant chaque collaborateur est souvent en présence et en possession d’informations intéressantes, sans savoir ce qu’il peut en faire, comment les formaliser, et à qui les faire parvenir. En l’absence de réponse claire et de circuit identifié, des informations de valeur parfois stratégique ne sont pas valorisées et se perdent faute d’être utilisées.
 

4- La faiblesse des processus collaboratifs d’interprétation et de création collective de sens

Dans les entreprises, la priorité est aujourd’hui malheureusement donnée aux traitements automatisés et aux modèles statistiques, au détriment du processus humain de création de sens. Pourtant, seule l’intelligence humaine vigilante, attentive aux détails, et mobilisant toute l’expérience accumulée au fil des ans est capable de percevoir dans l’information les signaux importants précurseurs des changements à venir.
 
A lire également (cliquez sur le lien)
Remettre la dimension humaine au centre des dispositifs de veille (partie 1)
Remettre la dimension humaine au centre des dispositifs de veille (partie 2)
Intelligence stratégique : signaux faibles et angles morts
 
Pour aller plus loin :
Ben Gilad – Early Warning – Using Competitive intelligence to anticipate market shifts, control risk and create powerful strategies – Amacom 2004
– Pierre Achard – La dimension humaine de l’intelligence économique – Hermes – Lavoisier 2005
Humbert Lesca – L’animation de la veille stratégique – Hermes – Lavoisier 2010
– Humbert et Nicolas Lesca – Les signaux faibles et la veille anticipative pour les décideurs – méthodes et applications – Hermes – Lavoisier 2011
 

Veille collaborative - remettre l'humain au centre du dispositif de veille stratégique

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